Categories: Culture

Portrait de femme qui a marqué Paris : Madame de Sévigné

article rédigé par
La REdaction

Cette semaine, Vivre Paris vous dresse le portrait d’une figure littéraire incontournable de la capitale : la maquise de Sévigné. 

Nous sommes le  à Paris. Dans le 4ème arrondissement, Marie de Rabutin-Chantal vient de naître. Fille du baron et de la baronne de Chantal, elle voit le jour à l’hôtel Coulanges, la maison ses grands-parents maternels, sur la place des Vosges. La petite grandit dans cette somptueuse demeure jusqu’à ses 11 ans.

© David McSpadden / Flickr

Le lendemain de sa naissance, elle est baptisée à l’église Saint-Paul dans le Marais. Orpheline très tôt, elle est élevée par ses grands-parents. Au décès de son grand-père, elle va vivre chez l’aîné de ses oncles maternels : Philippe II de Coulanges. Elle étude les langues, les « belles lettres » et lit beaucoup.

Le , Marie a 18 ans. Elle épouse un noble breton : Henri de Sévigné, 21 ans, à l’église Saint-Gervais Saint-Protais (75004). Si le mariage est arrangé, les deux jeunes semblent se satisfaire l’un l’autre. Elle est curieuse et romantique, lui dépensier et fougueux. Henri fait de Marie la Marquise de Sévigné et ensemble ils mènent la grande vie, se montrent dans les salons et y font sensation !

Portrait par Claude Lefèbvre, 1665

La jeune et sublime Marquise devient de ces femmes à la mode dont la noblesse parisienne recherche la compagnie.

Si elle réside aux Rochers, la propriété bretonne de son mari, Marie de Sévigné se rend souvent à Paris pour retrouver son cercle d’illustres ami(e)s de la société de l’hôtel de Rambouillet, parmi lesquel(le)s : Madame de La Fayette, La Rochefoucauld, ou encore Fouquet. Lorsqu’elle n’est pas à la capitale, elle correspond beaucoup avec son entourage.

François de la Rochefoucauld - Gravure par Jules Piel
Madame de Lafayette - Dessin par G. Staal
Nicolas Fouquet - Portrait par Édouard Lacretelle

Château des Rochers © Wikipédia / DR

 (né en 1648) la marquise décide d’imposer la chasteté à son mari. Leur idylle a fané il y a longtemps, quand son époux a décidé de lancer la rumeur de sa frigidité. Celui-ci va voir ailleurs et tout Paris le sait. C’est d’ailleurs pour la beauté des yeux de sa maîtresse Charlotte de Gondran, dite « La belle Lolo » qu’Henri de Sévigné meurt en duel, en 1651.

Veuve (et riche) à vingt-cinq ans, Marie décide de déménager à Paris, rue Saint-Avoye (l’actuelle rue du Temple, 75003).

Elle refuse de se remarier et se consacre à sa vie mondaine et religieuse (elle se rend régulièrement à Saint-Louis, ancienne église des jésuites, pour assister avec ferveur aux sermons du célèbre Bourdaloue).

Intérieur de l’église Saint-Paul Saint-Louis, Paris © Pixabay

Mais la seule vraie passion de la marquise, c’est Françoise. Sa place actuelle dans la littérature française, elle la doit justement à sa fille, dont elle est éperdument attachée. Mais cette dernière vit mal d’être dans l’ombre de cette mère qui adore se montrer.

A l’époque, on dit de Françoise qu’elle est la plus belle fille du royaume. Portrait par Alexander Roslin, 1753

Quand Françoise déménage, en 1671, à Grignan (Auvergne-Rhône-Alpes) pour rejoindre son mari, un lieutenant général, la marquise supporte très mal cette séparation. C’est d’ailleurs un tel choc émotionnel que Marie se met à souffrir d’algodystrophie (douleurs articules qui découlent d’un traumatisme).

Malade de chagrin, elle commence alors une correspondance avec sa fille. Celle-ci durera un quart de siècle et traitera majoritairement des potins de la cour royale. Les lettres seront aussi un moyen pour madame de Sévigné de montrer encore et toujours son amour dévorant à sa fille chérie.


Scandales, politiques, événements mondains, mariages…
La marquise dépeint avec exactitude et talent la vie parisienne du 17 ème siècle dans quelques 1 500 lettres. Bien qu’aucune d’elles n’était destinée à être rendue publique, les lettres furent conservées par la famille de la marquises et publiées clandestinement au 18 ème siècle.

La petite fille de Marie de Sévigné, Pauline de Grignan, marquise de Simiane décide finalement de confier leur publication officielle à un éditeur d’Aix-en-Provence, Denis-Marius Perrin. Sauf qu’avant cela, elle modifia certaines lettres et fit disparaître tous les écrits de sa mère Françoise. Ne reste donc que les discours (devenu monologue) de la marquise.

On raconte que si l’on avait pu lire l’intégralité de la correspondance, bien des mystères de l’époque du Roi Soleil aurait été percé. Notamment l’identité du fameux Masque de Fer, qui se serait trouvée écrite noire sur blanc dans une des lettres de Françoise de Sévigné à sa mère.

© Babelio

Dans ces lettres adressées à sa fille, Madame de Sévigné se libère des règles d’écriture de l’époque. Elle raconte elle-même : « C’est une chose plaisante à observer que le plaisir qu’on prend à parler, quoique de loin, à une personne que l’on aime, et l’étrange pesanteur qu’on trouve à écrire aux autres. » En décrivant ainsi son époque à sa fille et à ses ami(e)s,  madame de Sévigné est devenue une des plus grandes épistolières de toute la littérature française.

Aux environs de 1677 la marquise emménage dans l’hôtel Carnavalet au 23 rue du Val (actuelle rue de Sévigné). Elle y vit jusqu’à sa mort (de la grippe) en 1696.

Façade de l'Hotel particulier © Agence Meurisse / BNF
Salon de Madame de Sévigné, Musée Carnavalet © Pinterest
© Agence Meurisse / BNF

L’actuelle salle des Estampes de l’hôtel, devenu en 1866 le musée municipal de la ville de Paris consacré à l’histoire de la capitale, témoignage du passage de la Marquise entre ces murs.

Quant à Madame de Sévigné, elle est enterrée au château de Grignan. En 1793 au moment de la Terreur, sa tombe est pillée (pour le plomb). Ironiquement, le crâne de celle qui n’avait jamais quitté le quartier du Marais fut renvoyée à Paris pour être étudiée…

 

C.B

Articles recents

Paris : La chasse aux SUV relancée

L'automobile et la Mairie de Paris, c'est une histoire de longue date. Règlementations de vitesse,…

17 mai 2024

Champs-Élysées : Paris s’apprête à recevoir le plus grand pique-nique au monde

Le dimanche 26 mai 2024, les Champs-Élysées accueilleront un pique-nique géant. Plus de 4 000…

16 mai 2024

JO 2024 : Une grève des éboueurs résolue en quelques heures

En marge des Jeux olympiques de Paris, les éboueurs de la capitale ont entamé une…

15 mai 2024

Le mur des justes vandalisé dans le quatrième arrondissement de Paris

Dans la nuit de lundi 13 à mardi 14 mai, le Mur des Justes, situé…

15 mai 2024

Paris : l’UFC de retour dans la capitale le 28 novembre 2024

Après le succès retentissant de deux événements à Paris en 2022 et 2023, l'UFC, l'organisation…

15 mai 2024

Paris XI : Des riverains s’insurgent contre la requalification de leurs squares

Depuis lundi matin, un groupe de riverains résidant aux abords des boulevards Richard Lenoir et…

14 mai 2024