Le jour où … l’obélisque de Louxor est arrivé à Paris

Un cadeau d’Égypte gigantesque. 200 tonnes, 30 mètres de haut… Le roi décide de l’installer, en 1836, place de la Concorde. Un symbole fort. 

Le 25 octobre 1836, à Paris, se déroule l’événement de l’année. La place de la Concorde est noire de monde. Tous sont réunis pour un moment qui marquera l’histoire : l’inauguration de l’obélisque de Louxor. L’ingénieur Apollinaire Lebas est chargé d’ériger le monument, à l’aide de machines élévatrices, de gigantesques cabestans, des treuils… C’est exceptionnel ! Au cœur de Paris, une colonne égyptienne millénaire est installée.

C’est un colosse de pierre. L’obélisque est construit en 1300 avant J.-C. Elle pèse 222 tonnes et mesure 33 mètres de haut. Pour assister à l’événement, Louis-Philippe 1er, le dernier roi de France, s’est installé à l’Hôtel de la Marine. Le pays est alors secoué par une vague d’attentats dirigés contre la royauté, le roi ne veut donc pas se mêler à la foule.

C’est lui quelques mois plus tôt qui décide d’ériger l’obélisque de Louxor place de la Concorde. C’est un symbole fort. Cette place est le lieu des décapitations pendant la Révolution. C’est ici que Louis XVI et Marie-Antoinette se sont fait couper la tête. L’obélisque prend la place d’un autre monument, une statue à la gloire de Louis XIV. La statue est d’ailleurs décapitée.

Pourquoi installer un monument étranger sur la place de la Révolution ? Le roi refuse que des politiques ou des groupes s’approprient les lieux, comme c’est le cas aujourd’hui avec la statue de Jeanne d’Arc.

Une caméra installée en haut de la colonne

À l’origine, il devait y avoir deux obélisques de Louxor à Paris. Le roi d’Égypte Méhémet Ali a en effet offert à la France deux colonnes de la citadelle du Caire. Mais, en 1831, le voyage est périlleux. L’égyptologue Champollion, en charge de la mission, fait construire un bateau spécialement pour pouvoir aller chercher l’obélisque. Impossible de transporter les deux à la fois. Il faudra faire un deuxième voyage pour aller chercher le second obélisque… Mais ce voyage n’aura jamais lieu.

Ce deuxième obélisque est resté propriété de la France jusqu’à 1981. En effet,150 ans plus tard, François Mitterrand déclare officiellement renoncer à ce trésor archéologique.

Aujourd’hui, l’obélisque de Louxor de Paris n’a presque pas changé… à un détail près. La préfecture de police a installé une discrète caméra, en haut de la colonne. Elle sert à informer la police des conditions de circulation sur la place de la Concorde.

Photo de Une : installation de l’obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836, par François Dubois (1790-1871).

C.D.