Culture
Notre-Dame de Paris : l’histoire de ses transformations
En attendant de connaître l’ampleur des travaux à réaliser à Notre-Dame de Paris, retour sur les restaurations du passé.
La cathédrale Notre-Dame de Paris vient de vivre l’un des évènements les plus traumatisants de son histoire : un feu dévastateur, qui a été maîtrisé par les pompiers de Paris dans la nuit d’hier à aujourd’hui.
Si l’on ne connait pas encore l’ampleur du sinistre, alors que les voix de mécènes s’élèvent déjà, on devine les travaux gigantesques qui seront nécessaires à la restauration de ce sublime monument.
Mais Notre-Dame en a connu, des dégradations et des rénovations. Vivre Paris revient sur l’histoire de ces travaux qui ont transformés, mutilés ou sauvés la cathédrale.
- 1163 :
La première pierre de la future cathédrale est posée.
- 1632-1638 :
Le roi de France Louis XIII prononce ses voeux. Il s’engage à consacrer son royaume à la Vierge Marie si elle lui donne un héritier. Peu de temps après, Anne d’Autriche accouche de Louis XIV et le roi tient sa promesse.
Parmi ses voeux il y avait celui d’élever un nouveau maître-autel dans la cathédrale, ainsi que d’offrir un nouveau groupe sculpté à la cathédrale.
- 1708-1725 :
Louis XIV exécutera la promesse de son père, près de soixante ans plus tard. L’architecte Robert de Cotte modifia la structure du choeur, car l’art gothique n’était plus à la mode. Il masque les ogives par des arcades en plein cintre, plus « modernes ». Autour du nouveau maître-autel, des statues d’ange en bronze sont installées. Le jubé est démoli, les stalles de Charpentier et Dugoulon sont surmontées de huit tableaux (il n’en restait plus qu’un seul, on ignore encore s’il a survécu à l’incendie). Pour finir, les frères Le Vieil remplacent les vitraux par du verre blanc et les murs sont peints en blanc.
C’est à l’occasion de ces travaux que l’on découvrit les quatre pierres du pilier des Nautes, une colonne monumentale gallo-romaine datant du 1er siècle, érigée sous le règne de l’empereur Tibère. Considéré comme le plus vieux monument de Paris et le plus ancien ensemble sculpté découvert en France, le pilier est exposé dans les thermes du Musée de Cluny.
- 1771 :
Soufflot détruit le trumeau (l’espace entre les deux portes) du portail central qui gênait les processions et empêchait le passage du dais (ouvrage d’architecture et de sculpture qui sert à couvrir un trône, un autel ou une chaire…).
- 1789-1799 :
Pendant la Révolution, la flèche qui datait du 13ème siècle est démontée et les statues de la Galerie des rois et du portail sont détruites et abandonnées sur le parvis. Des entrepreneurs récupèrent les pierres pour leurs chantiers mais, par chance, un enseignant récupère les têtes des rois et les enterre dans son jardin. La Vierge Marie est, quant à elle, « simplement » découronnée.
La Sainte Chapelle (qui renfermait encore les trésors de Notre-Dame, dont la couronne d’épines du Christ) est tour à tour transformée en club, en dépôt de farine et enfin en dépôt d’archives du palais de justice. On charge le sculpteur Daujon de faire disparaître les nombreux insignes de l’Ancien Régime. Notre-Dame est alors rebaptisée « Temple de la Raison ».
- 1844 :
Victor Hugo publie Notre-Dame de Paris en 1831 et attire ainsi l’attention des parisiens sur le piteux état du monument. Une décennie plus tard, le gouvernement de Louis-Philippe obtient de la Chambre un crédit de 5 millions de francs pour la restaurer.
Le principal architecte chargé du projet, c’est Eugène Viollet-le-Duc. Durant les travaux, les parties fragiles sont consolidées (dont une partie de la charpente qui est partie en fumée la nuit dernière) et l’ornementation originelle est, dans la mesure du possible, rétablie. La flèche qui avait été abattue après 1792 est également reconstruite.
Viollet-le-Duc a, par ailleurs, pris quelques libertés durant les travaux. Les gargouilles de la façade, par exemple, sortent tout droit de son imagination.
- 1871 :
Le 24 mai de cette année là, les communards arrosent les bancs de la cathédrale de pétrole et y mettent le feu. Ce sont les internes en pharmacie de l’Hôtel-Dieu qui ont sauvé Notre-Dame. Delarue, Defresne, Dugué, Courant, Dupoux et Yvon ont, au mépris des ordres de la Commune, pénétré à l’intérieur du monument et maîtrisé le feu avant qu’il fasse trop de dégâts.
- 1960 :
Les vitraux sont renouvelés.
- avril 2018
Des travaux sont engagés pour restaurer la flèche, dont l’étanchéité était vétuste. Plus de 160 altérations furent répertoriées. La flèche, haute de 96 mètres, s’est effondrée le lundi 15 avril vers 20h. Prévus sur les dix prochaines années, les travaux étaient évalués à quelque 60 millions d’euros.
- 11 mai 2019 :
Les 16 statues qui entouraient la base de la flèche ont été retirées pour restauration. C’est la première fois qu’elles quittent la cathédrale depuis 1857. Représentant les apôtres et les évangélistes, elles sont actuellement en lieu sûr en Dordogne, entre les mains de la Société nouvelle de conservation et restauration archéologique (SOCRA).
- 15 avril 2019 :
Le feu a pris dans les combles vers 19h et sera maîtrisé vers 3h30 du matin. La toiture, la charpente et la flèche ont été détruits : c’était la seule partie de Notre-Dame de Paris à avoir traversé huit siècles d’histoire. Plus de 20 hectares de chênes avaient été coupés pour la construire. L’emblême parisien devrait rouvrir ses portes d’ici l’année 2024…
- 15 mars 2022 :
La reconstruction suit son cours et nous permet d’apprendre que Notre-Dame de Paris n’a pas révélé tous ses secrets… Le Ministère de la Culture a révélé des découvertes importantes suite aux fouilles débutées le 2 février 2022 et menées par l’institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) : un sarcophage en plomb datant probablement du 14e siècle et des fragments de l’ancien jubé !
#CommuniquédePresse | Une opération de fouilles archéologiques préventives à la croisée du transept de Notre-Dame de Paris a permis la mise au jour de fragments de l’ancien jubé et un sarcophage en plomb datant probablement du XIVe siècle.
👉 https://t.co/5ZdOjpAUtc pic.twitter.com/YGkyuKGJUu— Ministère de la Culture 🇫🇷 🇪🇺 (@MinistereCC) March 14, 2022
C. B