Insolite
Ce n’est pas la Seine qui coule à Paris !
La Seine, ses quais, ses bouquinistes, ses bateaux-mouches, ses ponts… Mythique, non ? Eh bien sachez que la Seine n’est pas aussi Parisienne qu’on le croit et techniquement elle ne coule même pas sous les ponts de la capitale.
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine » disait Guillaume Apollinaire dans le plus célèbre poème de son recueil Alcools (1913). Ce poète si important du XXe siècle n’avait pourtant pas tout à fait raison, et pour cause : si l’on s’en réfère aux règles géographiques et hydrographiques, la Seine ne coule pas du tout à Paris et c’est un autre cours d’eau, l’Yonne, qui fait son lit dans la capitale.
Pour bien comprendre pourquoi c’est l’Yonne et non la Seine qui coule à Paris, il faut se remémorer nos cours de géographie de l’école primaire. On y apprenait alors que, lorsque deux cours d’eau se rejoignent, c’est celui qui possède le plus gros débit à cet endroit-là qui est considéré comme le cours d’eau principal, tandis que l’autre est considéré comme son affluent.
Or, au point de confluence de la Seine et de l’Yonne, ce n’est pas du tout la Seine qui gagne… Là où se rencontrent les deux cours d’eau, dans le village de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), l’Yonne possède un débit de 93 m3/seconde… contre 80 m3/seconde pour la Seine ! Selon les règles que l’on a apprises à l’école et qui sont en vigueur dans le monde scientifique, c’est donc bien la Seine qui se jette dans l’Yonne, et pas l’inverse.
Mais alors pourquoi la Seine a pris l’ascendant sur l’Yonne ? Eh bien, parce qu’à l’époque gauloise, les sources de la Seine, situées en actuelle Côte d’Or, étaient considérées comme sacrées et un sanctuaire gallo-romain d’importance y était établi. Ce temple accueillait de nombreux habitants de la région venus chercher les bienfaits de cette eau sanctifiée, ce qui a de facto imposé l’idée d’une supériorité de la Seine sur l’Yonne. Au fil des siècles, la Seine n’a jamais cessé de garder son ascendant sur l’Yonne… au grand dam des Icaunais.