Culture
Paris : l’exposition « DAU » fait polémique
Tout le monde en parle, « DAU », le projet artistique au budget XXL de Ilya Khrzhanovsky, censé faire plonger le public dans un monde dystopique inspiré de l’URSS fait beaucoup parler de lui à Paris, et pas qu’en bien…
Prévue le jeudi 24 janvier, l’inauguration de l’exposition a été reportée à l’arrivée des premiers visiteurs pour des problèmes d’autorisation de la part de la préfecture de police pour des questions de sécurité. L’espace installé au Théâtre du Châtelet étant toujours fermé au public le mardi 29 janvier pour les mêmes raisons, c’est finalement celui placé dans le Théâtre de la Ville qui a ouvert vendredi 25 janvier, un jour après l’ouverture prévue initialement.
En effet, entre problèmes techniques, ouverture retardée, salles fermées, visiteurs déçus et attentes trop longues à l’entrée (parfois jusqu’à 50 minutes d’après des témoignages), la plongée dans l’univers de l’URSS de l’époque n’a pas été un franc succès pour tout le monde et a rapidement tourné au fiasco. L’échec de cette expérience serait dû aux attentes un peu trop ambitieuses de son instigateur, Ilya Khrzhanovsky, qui attendait 40 000 visiteurs sur trois semaines.
L’exposition « DAU » est ouverte jusqu’au 17 février et comprend un programme assez varié de projections cinématographiques, de performances artistiques et d’installations censées plonger les visiteurs dans une ambiance soviétique imaginaire immersive.
Pour ce faire, Ilya Khrzhanovsky, adepte du cinéma-réalité, s’est lancé il y a 12 ans dans un tournage de deux ans avec une reconstitution d’un institut scientifique ukrainien contenant 400 personnes censées vivre dans des conditions les plus proches possibles de celles de l’URSS des années 30 et 60. Tout était en place pour que l’on y croit vraiment : Ex-membres du KGB, chercheurs, prêtres, néo-nazis, et même prostituées… Pour aller encore plus loin dans le réel, les scènes de sexe et de violence n’auraient pas été simulées.
De ce tournage, le réalisateur aurait sorti de ses 700 heures de rush, 13 films situés entre le simili-documentaire et la fiction. Tous sont projetés lors de l’exposition « DAU » à Paris. Un budget XXL qui aurait, d’après les équipes du projet, dépassé les dizaines de millions d’euros; Budget, auquel aurait généreusement participé le mécène russe Sergueï Adoniev e et qui explique le prix des tickets, ou « visas », d’un montant de 35 à 150 euros selon la durée du parcours.
Critiqué par la presse et les visiteurs sur Twitter, l’exposition est même parfois qualifiée d’escroquerie. Ce à quoi répond Camille Guillé, responsable de la communication du projet : « Il n’y a pas de master plan, l’idée est justement que le spectateur ne soit pas guidé. Quand les visiteurs font la queue longtemps avant d’avoir accès à leur « visa » et enfin de pouvoir entrer dans ce nouveau territoire, je comprends qu’il puisse y avoir de la frustration mais ça fait aussi partie, d’une certaine façon, de l’expérience. »
A #Dau l’immersion en URSS est totale : on fait la queue pendant des heures pour se rendre compte qu’il n’y a rien. #Art #Paris
— Benjamin Sabbah (@bsabbah) 27 janvier 2019
Ceci étant dit, l’ambiance de travail au sein de l’exposition serait elle aussi un fiasco et au moins une plainte aurait été déposée à l’Inspection du travail pour un management jugé « despotique » d’après les témoignages du Figaro.
Enfin, bien que les organisateurs promettent d’offrir de nouveaux « visas » d’une durée de 6 heures pour permettre aux visiteurs n’ayant pas assisté à toutes les oeuvres, de les voir, y compris celles du Théâtre du Châtelet, il semblerait, d’après Le Monde que la gestion des données personnelles du public soient très peu transparente et c’est d’ailleurs pour cette raison que Berlin, qui devait accueillir l’oeuvre, avait refusé en octobre dernier.