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PORTRAIT : Mary a créé la première crèmerie végétale de France
Dit comme ça, on sait, c’est intrigant… Rencontre avec Mary, la fondatrice de la première crèmerie végétale de France, Jay & Joy, implantée dans le 11e arrondissement !
« Jay & Joy est officiellement née en 2015, mais ça a commencé dès 2014. Tout ça vient d’un cheminement personnel, l’objectif premier était de nous nourrir avec notre mari car on devenait vegan, c’était une choix de conscience pour la planète et les animaux.
Le petit pas à franchir c’était le fromage, surtout qu’on est très gourmands et au pays du fromage ! C’était un vrai défi et on voulait pas voir ça comme des sacrifices ! On voulait s’éloigner du monde vegan avec uniquement les graines et du vert partout : c’est à ce moment qu’avec mon marie on s’est dit qu’il fallait partager cette vision du monde !
« Jay & Joy » veut dire tout ça : on fait de la méditation indienne et Jay c’est un cri de victoire et puis Joy, c’est la joie en anglais : pour nous c’est vraiment une victoire de la joie de manger du végétal !
On a donc décidé de se réinviter aux apéros car ne pas manger de viande, les gens comprennent de plus en plus, mais le fromage… C’était compliqué ! À chaque fois j’amenais pleins de choses délicieuses et gourmandes et c’était une vraie découverte pour tout le monde et ça faisait tomber les barrières et images qu’on a à propos du végétal.
Puis on se disait aussi en parallèle « que faire avec notre vie ? : on va devenir fromagers vegan ! » (rires). On a commencé avec du tartinable puis très vite on s’est dit « on est quand même en France, merde ! », il nous fallait d’autres textures : on avait envie de croquer dans quelques choses.
Alors on s’est approchés des maîtres fromages, affineurs… En expliquant qu’on voulait le faire avec eux ! Les gens tombaient de leurs chaises mais beaucoup de monde nous a aidé ! Ce qu’il faut avoir en tête c’est que le fromage c’est 2000 ans d’histoire et de savoir-faire… Nous à peine 7 ans !
Donc quand les gens me disent parfois « ha c’est pas ça que j’attendais ! » je leur dis de me donner 2000 ans (rires). Je ne prétend pas à faire une copie ni à atteindre le marché… On prend ce qui existe et on l’emmène avec nous dans ce monde végétal : il faut honorer toute cette passion et ces délicieux fromages !
On est tous conscient des enjeux environnementaux mais on peut pas attacher les gens et leur dire qu’ils font les choses mal, il y a de la place pour tout le monde et après il faut changer collectivement. Car il y a pas pire qu’être exclu, on l’a vécu nous même dans notre époque, c’est horrible donc on a vraiment pas envie de créer ça !
Avec le temps, on a appliqué les techniques des affineurs à nos bases végétales : et on est de plus en plus proches de produits que tout le monde connait ! L’objectif est de se perfectionner dans le goût, en réinterprétant les fromages qu’on connaît tous ! Quand on me dit que je fais de la chimie, c’est faux : je fais fermenter mes noix, mes noix de cajou avec des bactéries utilisées dans les fromages !
Surtout ici, tout le monde est le bienvenu : on accueille ceux qui connaissent toutes ces problématiques mais aussi guider ceux qui ne connaissent pas et sont ouverts et curieux. C’est aussi un lieu d’apprentissage pour tous les gens qui font le pas. Ça permet à chacun de poser ses questions, de goûter, de poser des questions… On invite les gens à venir au plus près du végétal !
Si au départ on est une crèmerie, on a agrandi la partie épicerie à la demande des clients : des alternatives au poisson, à l’oeuf, au chocolat… Nos clients savent qu’on teste tout et qu’on peut leur parler des produits. Puis surtout, ils peuvent comprendre à quoi ressemble une vie avec uniquement du végétal : et on s’ennuie pas !
En 2015 on produisait ici et c’était juste un espace de dégustation, on ne vendait pas car c’était trop petit. On a ouvert après la production les mercredis au début et les gens venaient. Avec ce quartier, les réseaux sociaux…
Du monde passait et on a créé du lien direct avec les gens ! Mais ils étaient frustrés de pas pouvoir acheter ici, on vendait dans des magasins bios mais ils voulaient se fournir directement auprès de nous ! On a habillé l’espace pour que les gens puissent acheter et ensuite on a créé ce lieu !
Le plus important pour nous, ce qui nous lie à la crèmerie d’antan c’est le fait de pouvoir goûter : on échange avec le client et ça c’est super ! Ce qui se perd aujourd’hui dans la nourriture c’est cet échange, tout le travail aussi et l’amour qu’il y a derrière chaque produit.
Aujourd’hui notre site de production est dans le nord car c’était devenu trop petit ici… Les gens ont été si accueillants qu’on a eu envie de leur dire merci alors on a mis au point notre maroilles et les parisiens l’adorent ! »
La semaine dernière, on rencontrait Barbara, la femme qui a répertorié les fontaines Wallace de Paris !
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Jay & Joy
5 rue Paul Bert
Paris 75011
Ouvert tous les jours sauf le dimanche
10h-19h30